Le projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet, communément appelé Création et Internet à été voté par l’assemblée nationale dont 16 membres sur 577 étaient présent. C’est pourtant ce texte qui instaure l’Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), mesure d’importance dans une société où Internet occupe une grande place.
Idées reçues
Je vais développer plus amplement, mais il me faut dissiper quelques idées reçues.
- La loi ne punit pas les pirates, mais les titulaires de la ligne même s’ils n’ont jamais rien piraté.
- La loi ne rémunère pas les artistes.
- La loi ne fait rien de concret pour favoriser l’offre légale.
- La loi est en opposition avec le sens que prend l'appareil législatif européen.
« Quand une loi paraît aussi hasardeuse dans son application, aussi imprévisible et aléatoire d’un point de vue technique, ce n’est pas une bonne loi et celle-ci emprunte un peu à Courteline, un peu à Kafka et beaucoup à Alfred Jarry »Christian Paul

Ce que propose la loi
Le but avoué de l’hadopi est de favoriser l’offre légale et de mettre en place une riposte graduée à l’encontre des pirates du net, affin de protéger la rémunération des artistes et des ayants droits.La riposte graduée prévoit à ce titre d’envoyer deux mails avec éventuellement un courrier recommandé à l’internaute suspecté de piratage par les ayant droits avant faire couper sa connexion Internet par son FAI (Fournisseur d’accès Internet) pour une durée variable de deux mois à un an. A la coupure peut se substituer l’obligation d’installer un logiciel de surveillance payant dans les cas ou la coupure n’est pas réalisable pour des raisons techniques, ou pour des raisons professionnelles (connexion d’entreprise, médicale, etc...)
La suspicion de piratage se base sur l’adresse IP, et la sanction est de ce fait infligée au titulaire de cette IP.
Pour favoriser l’offre légale, la chronologie des médias est raccourcie à quatre mois.
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Franck Riester, le rapporteur de la loi Création et Internet

Franck Riester, le rapporteur de la loi Création et Internet
Remarques
En attendant que l'ubuesque loi passe devant le Conseil Constitutionnel et la commission mixte, je vous livre mes quelques remarques sur cette usine à gaz qui récolte un 10 sur l'échelle de Riester.
Conclusion : les ayants droits ne sont donc tenu à rien pour favoriser l’offre.

1) Adresse non utilisée : de nombreux internautes utilisent d’autres adresses que celle fournie par leur FAI, et parfois ne l’utilisent plus du tout. Le mail ne sera donc pas reçu.
2) SPAM : quoi de plus simple qu’utiliser la peur populaire pour envoyer de faux mails (spam) aux couleurs de l’Hadopi. Les mails officiels risquent donc soit d’être supprimés par les anti-spam, soit noyé dans la masse et mis à la corbeille manuellement par des internautes lassés d’en recevoir des quantités chaque jours.
Conclusion : les mails sont une bonne idée, mais qui risque d’être l’un des nombreux problèmes techniques.

Conclusion : Ni les uns ni les autres ne gagneront le moindre cent.

Conclusion : la coupure est contestable, prohibitive, et touchera inégalement.

Conclusion : Cette idée de logiciel gouvernemental ne tien compte d'aucune des plus élémentaires règles d'Internet et des libertés fondamentales.

1) Un ordinateur peut être utilisé à l’insu de son propriétaire, l’IP correspondant donc à la victime, et non au pirate.
2) Une connexion Wifi peut être utilisée par un tiers, l’IP correspondant donc cette fois encore à la victime, et non a pirate.
3) Il est possible de lâcher de fausses IP dans les filets des enquêteurs, et dans ce cas l’IP relevée mènera encore une fois l’enquêteur à un innocent internaute.
4) Dans un réseau local, l’IP est la même pour un nombre parfois très élevé de postes. Dans ce cas, l’IP relevée correspond au titulaire de l’accès internet, et non au pirate (même s’il se peut dans ce cas qu’il s’agisse de la même personne.)
Conclusion : l’accusation sur la base de la seule IP est un non-sens avéré par tous les professionnels et interlocuteurs sérieux.

Conclusion : cette loi instaure le flicage globale, la présomption de culpabilité et la sanction systématisée.


1) La pédagogie de la sanction ne fonctionne qui s’il y a réellement, et dans bien des cas, l’accusation se fera sur de faux positifs.
2) La pédagogie sans explication est vouée à l’échec. Or, la ministre de la culture à amplement prouvé qu’elle ne maitrisait pas son sujet, confondant même suite bureautique et logiciel de sécurité. Rien dans la loi ne permet cette information pédagogique promise, de sorte que l’Hadopi est entièrement libre.
3) La loi condamne quiconque n’a pas « sécurisé » son ordinateur.
Conclusion : Je ne vois pas ou va se nicher la pédagogie dans aucun des principes de cette loi.

Conclusion : L’arsenal législatif disproportionné dans tous les sens possibles n’est pas en rapport avec l’éventuel préjudice causé (lequel au demeurant n’est pas prouvé) et ne pointe le doigt que sur les efforts d’une industrie qui, refusant de s’adapter, s’agrippe à un gouvernement qui ne comprend visiblement rien aux nouvelle technologies.
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