jeudi 16 avril 2009

Le Roi qui voulait empêcher les abeilles de butiner

Fable hadopi

Je veux être la seule à sentir toutes les fleurs,
Dit un matin la Reine de fort mauvaise humeur.
Montrez-moi votre Amour et suivez mon conseil,
N'épargnez personne, même pas les abeilles.


Le Roi n'aimant pas cette sorte d'insecte,
N'écouta pas qui trouvait l'idée abjecte.
Il faut une loi convainquit un légiste.
Si ça n'est que ça, dit le Roi, qu'elle existe !


Les sages des villages appelés députés,
Furent alors convoqués à la Haute Assemblée.
Ces mouches vrombissantes font mille dégâts,
Défendit sans succès l'émissaire du Roi.


Sire il y a eu problème, lui dit le messager,
Il y a eu des errances parmi vos députés.
L'opposition n'ayant compté que des ombres,
A usé des rideaux et trompé sur son nombre.


En ce cas supprimez toutes les tentures
Répondit l'enragé, j'ai promis la rupture
Pour ne pas à souffrir de ces flibustiers.
Faites que cette loi soit de nouveau votée !


Le messager immédiatement convoqua
Les sots courtisans fustigés par le Roi.
Vous qui ne redoutez rien plus que la disgrâce,
Oubliez pour voter que cette loi est crasse.


Protégeant de sa main une abeille aux vives
couleurs, l'un d'eux dénia la rendre captive.
Doit-on tous dans nos champs au nom de quelques fleurs,
Dresser des filets d'or contre ces butineurs ?


Sire il y a eu problème, dit le messager,
Le texte je le crains fut encore rejeté.
Les rideaux sont coupés mais ce que je soupçonne,
C'est que l'opposition s'est servie des colonnes.


En ce cas supprimez ces piliers de marbre,
Je ne puis supporter encor qu'ils délabrent
Le bénéfice de notre Haute Assemblée,
Où les lois que je dicte doivent être votées.


Lorsque toute l'Assemblée fut finalement
Vidée, le messager fut à court d'arguments.
Sire il me faut vous dire enfin la vérité,
C'est que vos députés ne veulent pas voter.


En ce cas supprimez l'Assemblée, dit le Roi.
Alors la loi fut votée par la seule voix
Royale. Puis on tua la dernière abeille.
Et maintenant, dit la Reine : je veux du miel !


Guillaume Champeau
Creative Commons
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2 commentaires:

Guillaume Champeau a dit…

Très jolie mise en page, merci beaucoup :)

Morigan a dit…

La toile est un magnifique espace de liberté et de partage, un lieu de commerce, d’information et de création, elle doit le demeurer. Espérons que cette sinistre farce échoue bien vite, afin que nous puissions tous en rire de bon cœur en parlant de pare-feu Open Office, d’échelle de Riester, et des meilleures tirades de Jean Pierre Brard pendant les débats à l’Assemblée Nationale.